« Si t’as jamais fait une psychanalyse, tu peux pas être un bon psy. »
Combien de fois on va devoir entendre cette absurdité ?
Cette rengaine m’énerve, et pourtant, elle revient sans cesse. « Un psychologue doit avoir fait une psychanalyse pour comprendre ses patients. »
Sérieusement ?
Suivant cette logique, un oncologue devrait avoir survécu à un cancer, un chirurgien cardiaque avoir subi un pontage, et un gynécologue… laissons tomber celle-là.
Cette croyance est non seulement fausse, mais elle est dangereuse.
Ce n’est pas en ayant vécu l’expérience que tu deviens compétent.
C’est en l’étudiant en profondeur, en la comprenant dans sa complexité, et en apprenant les méthodes afin d’y répondre.
Imagine si on appliquait ce principe partout ? Ton avocat devrait avoir été en prison pour te défendre, ton prof de maths avoir inventé les équations qu’il t’enseigne.
Absurde, non ?
La compétence professionnelle repose sur un triptyque solide :
– formation académique rigoureuse,
– pratique clinique supervisée
– maîtrise des protocoles validés empiriquement.
Ce qui forge l’excellence ?
L’acquisition méthodique de l’empathie clinique (distincte de la sympathie intuitive), la compréhension approfondie des mécanismes en jeu, et l’actualisation permanente des savoirs.
Les recherches confirment d’ailleurs que l’efficacité thérapeutique corrèle avec ces facteurs, non avec les similitudes entre les histoires personnelles du soignant et du soigné.
Certes, une expérience vécue peut parfois apporter un éclairage complémentaire.
Mais elle risque tout autant d’introduire des biais de projection qui compromettent le jugement professionnel.
La juste distance – cette capacité paradoxale à être profondément impliqué tout en maintenant une objectivité critique – constitue précisément l’art du praticien.
Perpétuer ces mythes revient à dévaloriser les années d’études, la supervision continue et l’expertise technique acquises.
La médecine et la psychologie sont des sciences, pas des disciplines ésotériques où l’intuition personnelle régnerait en maître.
La prochaine fois qu’on te sort ce genre de bullshit, pose cette simple question :
« Préfères-tu un médecin qui a eu toutes les maladies ou un médecin qui sait les soigner ? »
La réponse est dans la question.
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