Mon enfant bouge trop, au secours !

Il y a un peu plus d’un an, je reçois, dans mon cabinet, le petit Lucas, sept ans à peine. En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « bonjour », il repère le marchepied caché à côté de mon armoire, l’ouvre et commence à grimper pour sauter. Sa mère vient juste de sortir pour que je commence ma séance avec lui.

Cette scène, combien de parents la vivent-ils quotidiennement ? Combien se demandent si cette agitation est normale, si leur enfant souffre d’un trouble, s’il faut s’inquiéter ?

Que faire quand l’école pose un diagnostic avant d’avoir pris le temps d’analyser les symptômes au regard des descriptions du TDAH.

L’enfant qui déborde d’énergie n’est pas forcément un enfant porteur d’un TDAH… 

Mes années de pratique m’ont appris à distinguer le véritable trouble neurodéveloppemental de l’attention du simple débordement d’énergie. 

Tenez, prenons le cas de Lucas. Diagnostiqué autiste dans un premier temps, à cause d’émotions débordantes, il s’est avéré avoir un TDAH. La différence ? Elle se cache dans les détails.

L’enfant TDAH, comme Lucas, présente des difficultés de concentration variables, des symptômes d’inattention et de distractibilité, accompagnés ou non d’hyperactivité et d’impulsivité. Ceci entraîne un retentissement sur le fonctionnement adaptatif scolaire, social et familial.

Contrairement aux idées reçues, il peut montrer une capacité d’hyperfocus sur des activités qui le passionnent – restant des heures concentré sur un jeu, un dessin ou une histoire qui le captive. Cependant, cette concentration n’est pas constante et peut basculer rapidement, poussé par sa curiosité et son impulsivité qui le poussent à explorer sans cesse.

Les signes qui doivent alerter

À la maison :

  • L’impossibilité de finir un repas assis
  • La difficulté à s’endormir malgré la fatigue
  • L’incapacité à jouer seul plus de quelques minutes
  • Des émotions qui débordent facilement

À l’école :

  • Des difficultés de mise au travail systématiques
  • Des problèmes relationnels récurrents
  • Une agitation qui persiste même pendant les activités plaisantes
  • Des difficultés à suivre des consignes simples

Ce trouble de l’attention dont on parle trop… ou pas assez

Prenons maintenant Thomas, 9 ans. L’école s’inquiétait d’un possible TDAH. Pourtant, à la maison, tout allait bien. Les tests n’ont rien montré de flagrant. 

Ce qui se cachait derrière son agitation ? 

Une anxiété profonde, alimentée par un bégaiement et des difficultés relationnelles. 

Thomas sur-sollicitait ses camarades ou les adultes pour être accepté, créant ainsi l’effet inverse.

Il ne comprenait pas les “Tu es gênant” que les autres lui disaient tout le temps.

Les idées reçues font souvent plus de mal que de bien. 

Non, tous les enfants agités n’ont pas un TDAH. 

Non, le TDAH n’est pas une invention moderne. 

Et non, ce n’est pas un manque d’éducation.

Les vrais symptômes du TDAH

  • Une impulsivité marquée dans tous les contextes
  • Des difficultés d’attention persistant même avec de la motivation
  • Une hyperactivité constante le cas échéant.
  • Des problèmes de régulation émotionnelle
  • Des difficultés d’organisation chroniques

La régulation émotionnelle, parlons-en. 

Chez l’enfant TDAH, les émotions sont vécues avec une intensité particulière. 

Une petite contrariété peut déclencher une tempête émotionnelle, une joie devient euphorique. 

Ce n’est pas un caprice : leur cerveau traite différemment les émotions, rendant leur gestion plus complexe. 

La mère de Lucas, le décrit bien : « Un jour il peut être au sommet du monde pour un petit succès, et l’instant d’après, s’effondrer pour un crayon mal taillé. »

Le parcours du diagnostic : une nécessaire prudence

Comme nous l’avons vu avec Lucas et Thomas, poser le bon diagnostic est crucial. 

Un diagnostic erroné peut avoir des conséquences dévastatrices sur l’estime de soi de l’enfant et son développement futur. 

À l’âge adulte, certains portent encore les cicatrices d’une enfance mal comprise.

Attention: 

Un élément fondamental du diagnostic TDAH selon le DSM-5 note que les difficultés doivent être présentes dans au moins deux contextes différents de vie de l’enfant. Cette transversalité des troubles permet d’éviter les sur-diagnostics et garantit la pertinence de l’évaluation clinique.

L’hyperfocus : cette capacité surprenante du TDAH

Un enfant ayant un TDAH peut jouer aux légos avec une minutie d’horloger et rester sourd aux appels pour le goûter. 

Il peut rester immobile alors que d’habitude il ne tient pas en place ! C’est ça, l’hyperfocus, cette capacité fascinante des enfants TDAH à se plonger totalement dans une activité qui les captive.

Comment l’utiliser positivement ?

  • Observez ce qui déclenche cet état : jeux de construction, dessin, puzzles…
  • Utilisez ces moments pour les apprentissages difficiles
  • Mettez en place un minuteur pour aider l’enfant à gérer le temps
  • Évitez d’interrompre brutalement ces phases de concentration intense. Mais anticipez et prévoyez des moments où il faut qu’il arrête (surtout s’il s’agit des jeux vidéos).

La tempête émotionnelle : des stratégies adaptées à chaque âge

La mère de Lucas me disait l’autre jour : « Un matin, il pleurait à chaudes larmes parce que son copain ne lui a pas dit bonjour. L’après-midi même, il riait aux éclats pendant une heure pour une simple blague. » 

Face à ces montagnes russes émotionnelles, voici des stratégies adaptées à chaque âge.

Pour les 4-6 ans

  • Le coin calme avec peluches et objets familiers
  • La respiration du super-héros
  • Les cartes émotions avec des visages expressifs
  • Les comptines pour se calmer (« Je souffle comme le loup… »)

Encadré : La comptine  « Je souffle comme le loup »

Je souffle doucement, doucement, doucement 

Comme une brise légère 

Je souffle fort, fort, fort 

Comme le vent dans les arbres 

Je ferme les yeux et je compte 

Un, deux, trois… 

Mon souffle devient calme 

Et mon cœur se repose

Pour les 7-12 ans

  • Un journal créatif des émotions (dessins, collages, mots)
  • Applications de respiration adaptées (type respirelax)
  • Sports de concentration (arts martiaux, escalade)
  • Code couleur personnel pour exprimer son état émotionnel
  • Timer visuel pour gérer les transitions (entre le moment des jeux videos et celui de la douche)

Pour les 12-18 ans

  • Applications de gestion du temps et des tâches
  • Playlist musicale personnalisée pour différents états émotionnels
  • Sports intensifs pour canaliser l’énergie
  • Journal de bord numérique
  • Techniques de respiration discrètes adaptées au contexte scolaire (s’entraîner avec l’application Respirelax)

Comme le disait ma grand-mère : « L’enfant est comme l’olivier, il lui faut de l’espace pour grandir, mais aussi un tuteur pour le guider. » 

L’essentiel est d’accompagner chaque enfant dans sa singularité, sans précipitation dans le diagnostic, avec bienveillance et compréhension.

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