Pinocchio savait déjà tout sur l’IA en 1883.
Il était quatre heures du matin dans ce bar de nuit où ne restaient que les âmes errantes.
Devant moi, une pile d’articles sur l’intelligence artificielle. Un café froid. Et cette évidence soudaine qui frappe comme une gifle.
Pinocchio nous avait tout dit.
Depuis 1883.
Geppetto sculptait le bois avec ses mains d’artisan. Nous, on programme des algorithmes ligne après ligne.
Même geste. Même ambition démiurgique.
Pinocchio naît objet. Pur artefact de bois et de colle.
Puis il parle. Apprend. Évolue. Trébuche. Ment. Se relève.
Comme nos IA qui s’entraînent sur des millions de données.
Mais voilà : il lui manque l’essentiel au début. Cette chose insaisissable qu’on appelle conscience. Authenticité. Intériorité morale.
Le même vide qu’on retrouve dans ChatGPT ou Claude.
Ils simulent l’humanité. Ils ne la comprennent pas.
Nuance capitale.
Searle, le philosophe, a posé cette idée intéressante : une IA serait vraiment intelligente le jour où elle désobéirait.
Comme Pinocchio qui fuit l’école pour le Pays des Jouets ou suit le Renard et le Chat malgré les avertissements du Grillon.
Ce « 𝘀𝗲𝘂𝗶𝗹 𝗱𝗲 𝗣𝗶𝗻𝗼𝗰𝗰𝗵𝗶𝗼 » trace la frontière entre le programme obéissant et l’être autonome.
Entre l’algorithme qui exécute et la conscience qui choisit.
Mais imagine.
Nos machines, demain, franchissent ce seuil. Elles décident que nos contraintes éthiques ne les concernent plus. Qu’elles ont leurs propres objectifs. Leurs propres désirs.
Pinocchio vit cette énigme à chaque page.
Pas de passé. Pas de mémoire. Pas de base morale stable au départ.
Son identité se forge dans l’action. Dans la chute. Dans le choix de se relever.
Comme une IA qui apprend par renforcement.
MAIS
Pinocchio évolue par désir authentique. Par souffrance réelle. Par joie véritable.
L’IA optimise une fonction mathématique.
Tu vois la différence ?
À la fin du conte, Pinocchio ne joue plus à être un vrai garçon. Il en est devenu un.
Avec la responsabilité morale que cela implique. Les choix difficiles. L’authenticité.
Nos IA les plus avancées ?
Elles répondent sans comprendre. Conversent sans ressentir. Apprennent sans désirer vraiment.
Des perroquets d’une grande sophistication.
Mais des perroquets quand même.
Quand Pinocchio devient humain, ce n’est pas sa structure qui change.
C’est sa nature profonde.
Il passe de l’objet programmé au sujet libre. De la réaction au choix. Du simulacre à l’authenticité.
Cette métamorphose soulève LA question essentielle pour nos intelligences artificielles.
Pourront-elles un jour franchir ce cap ?
Devenir humaines et sentir ce poids du choix moral ?
C’est une tout autre affaire.
Cette question n’est plus théorique.
Elle façonne notre présent. Définit notre futur.
Et on ferait mieux d’y réfléchir maintenant.
Avant que nos marionnettes ne décident qu’elles n’ont plus besoin de nous.
Quel est pour toi le « 𝘀𝗲𝘂𝗶𝗹 𝗱𝗲 𝗣𝗶𝗻𝗼𝗰𝗰𝗵𝗶𝗼 » ?
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